mercredi 30 avril 2008

Martine et les Chauves-souris


Un chat mangeur de chauve-souris, ça n’a rien d’extraordinaire me direz-vous : un chat, sauvage (ou pas d’ailleurs), ça mange des souris en toute impunité, qu’elles soient chauves ou pas… N’empêche que quand on a vu Brocolina, la loque de la Hacienda, venir croquer une petite bête brunes aux ailes repliées, on a quand même un peu halluciné ; il faut dire que dans la mesure où le plan de délogement des chauves-souris dans notre maison a complètement échoué, le nouveau mot d’ordre étant « les chauves-souris sont nos amies », la vue de cette petite bête sans défense, dans les griffes d’un gros chat trop nourri pour avoir besoin en plus d’extras, nous a sincèrement fait de la peine… Nous avons d’abord cru Brocolina incapable d’une telle prouesse ; la chauve-souris est habile, quoi qu’en dise Laure qui s’en est prise une, petite, en plein front… Nous pensions la première déjà morte. Mais c’est que la sale bête a remis le couvert une deuxième fois, sous notre nez bien sûr, avec les petits bouts d’os qui croquent sous la dent pour nous mettre en appétit !

Et je me suis dit que cette expérience était l’occasion rêvée de vous faire enfin un post, que je pensais réserver aux enfants initialement, mais qui amusera sans doute tout autant les grands : nos amis les bêtes du Salvador.

Momo

Commençons par mon chat, c’est bien normal (il a une autorisation de séjour temporaire dans ma maison, mais si je le vois avaler une chauve-souris ou un gecko, c’en est fini de nous deux…). Il s’appelle donc Momo, en hommage à mon chat vietnamien que j’ai laissé derrière mois en quittant ce beau pays, une larme à l’œil. Contrairement à Momo Premier, Momo 2 est un petit modèle, gourmet et moins câlin que son prédécesseur, mais je l’aime quand même.



Richard

Je crois qu’il est mort car nous ne l’avons pas vu dans la maison depuis longtemps ; son nom de baptême est sorti tout seul de ma bouche, j’espère que mon aîné de frère ne m’en voudra pas. Il nous a empêché de dormir une nuit en faisant l’exploration intégrale de nos sacs. On s’habituait bien à lui ans la mesure où deux de tension, il ne risquait en aucun cas de parvenir à sauter sur nos lits.



Camille

La mygale, malheureusement, je n’ai pas de photos : la bête se déplace un peu vite, et je ne l’ai vu qu’une fois, ce lundi. Julien l’a découvert au pied de son lit avant d’aller se coucher, quelle surprise ! Nous avons essayé de la chasser avec un manche a balai, elle s’est réfugié dans un sac que l’on s’est quasi empressé de mettre dans la jardin pour la laisser réintégrer son milieu naturel sans danger. Je pense qu’on la reverra, j’espère que je ne marcherai jamais dessus pieds nus.

Paulette, Micheline, Pierrette, Suzette, Suzon (la jumelle) et Boris

Elles cohabitent avec Laure, font caca sur nos vêtements, nous réveillent à 5h du matin quand on ne porte pas les boules quies, mais ont ce charme de l’animal déconcertant qu’on croyait immonde jusqu’au jour où on parvienne à l’observer peinard…


Le Scorpion

Je ne peux pas lui trouver un petit nom dans la mesure où il a fini en bouilli sous la semelle de Julien celui-là ; mais une semaine plus tard, ils en ont vu un deux fois plus gros dans la maison, qui s’est carapaté dans le jardin. Animal peu amical



L’Iguane

Il vit dans le jardin, on l’observe de temps en temps ; anim

al amical mais peureux, peu de commentaires à faire dessus si ce n’est que sa présence de lézard peut être complétée par celle de tous les geckos qui trainent dans la maison, des petits Freddy en puissance qui me rappellent ma maison et mon colloc’ de Saigon.



Le Torogoz enfin, baptisons le collectivement Azul, enfin un peu de poésie dans ce monde de brutes.

A dire vrai, je ne sais pas si c’est toujours le même qu’on voit sur l’arbre mort du jardin


La seule conclusion au sujet de l’oiseau emblème du pays, c’est que c’est un oiseau super rapide/peureux compliqué à prendre en photo.

Pour ce qui est de la maison, je pourrai compléter avec le Tacuasin

qu’on a vu deux fois, c’est dégueu, un gros rat de la taille de Brocolina, mais bon, c’est le seul marsupial d’Amérique latine, alors je me résigne à trouver un intérêt à cet animal…

Voilà, sinon, on est mercredi soir, et je suis en WE…

Bisous à tous !




lundi 28 avril 2008

Un dimanche à Suchi

Ce fut un de cas week-end reposant où on prend le temps de découvrir le coin sans sentir le besoin d’aller bien loin ; et nos amis de SS ont réussi à se bouger les fesses, c’est un peu l’équivalent de faire descendre des parisiens pour aller passer un dimanche en Province… !

Petite soirée improvisée samedi soir où les verres se sont vite accumulées et où les pupusas de 21h se sont laissées apprécier pour nous remplir l’estomac (spécialités locales, seul aliment trouvable « à peu prêt » à toute heure du jour et de la nuit !); je commence à reconnaitre un peu les têtes d’ici, à faire le hug de bienvenue (embrassade à l’américaine), à me comporter comme une habituée des lieux (c’est qu’il y en bien peu dans le village des lieux collectifs, et les nouvelles têtes sont les bienvenues !). Voilà, une soirée qui n’a d’insolite que la rencontre avec un métisse salvadorien/brésilien de Porto Alegre ; l’occasion de discuter de cette ville qui, j’aurais envie de dire, m’a obsédée toute l’année scolaire, et puis non, pas tant que ça en fait…

Ce dimanche, nous sommes allées avec Laure faire nos aventurières de compet’ : en la matière, l’objectif de l’aprem consistait dans la remontée du lit d’une rivière où les gens du coin aiment à venir pique niquer et se baigner dans les endroits un peu profond. La ballade a cheval qui était prévue initialement a été reportée à une autre fois pour cause de WE avec un seul jour et la motivation décroissante à la perspective de devoir se lever à 6h du matin pour notre jour de repos…

Voilà, c’est court, comme le WE, mais j’ai hâte de retourner bosser demain, un programme des plus intéressant nous attend avec une petite virée à Colima, et puis surtout, le WE qui commence mercredi soir. Je ne donnerai plus de nouvelles avant la semaine prochaine, alors bon 1er mai à tous !

samedi 26 avril 2008

journal de terrain: Colima

Deux journées de travail passées à Colima ; deux têtes blondes lâchées dans la nature avec des vieux de la veille qui cherchent un peu à leur faire peur ; une zone lacustre avec des ennemis moustiques qui lancent des attaques à la chaîne ; une Hacienda déserte à la tombée de la nuit rien que pour nous deux en plein brousse, avec une seule petite lumière pour nous éclairer et un frigo vide, pas un seul étal aux alentours pour acheter deux-trois fruits/légumes pour s’alimenter ; le décor de cette première mission de terrain est planté !

Heureusement qu’on avait anticipé ! En bonnes bretonnes que nous sommes, nous nous étions préparé de quoi survivre alimentairement parlant pendant deux jours, avec des crêpes, des fruits et des légumes. Pas de quoi s’enflammer mais de quoi se nourrir ! Nous sommes donc parties chargées comme des mules pour Colima, Jeudi au petit matin. Il nous aura fallu un peu moins de deux heures pour rejoindre la Hacienda où nous commençons à négocier le programme de la journée : visite de la réserve protégée le matin, le village pour l’aprem.

C’est avec un membre de la coopérative que nous connaissons déjà, Donahi, et un ancien garde-forestier, Rafael, que nous partons en pick-up pour la réserve. On fait un petit tour de la réserve jusqu’à un mirador-que-je-serais-pas-monté-dessus-si-le-garde-forestier-était-pas-passé-devant-moi-tant-ça-paraît-tout-fragile… Bon, de là-haut, rien à dire, la vue est chouette, il y a des belles fleurs, et si nous avions été chanceuses, nous aurions pu voir des tatous et des serpents. Mais on n’avait pas trop le temps de faire nos touristes. Nos accompagnateurs sont curieux sur le mode classique : qu’est ce que deux jeunes filles de 23 ans viennent faire ici ? Vous avez des petits copains ? Ah bon, vous n’êtes pas américaines ? Cela a le don d’énerver Laure que les gens nous croient systématiquement américaines…

Voilà, retour pour midi à la Hacienda, ils sont pressés d’aller manger, pas le temps d’aller voir les autres sites protégés du Canton ; On est bien barré vu que tout le monde se tire à 16h, ça va être pratique pour travailler !

L’après-midi, on se la fait en mode classique : visite des hameaux, triste constatation de l’état inexistant des infrastructures, des eaux usées qui stagnent dans les fossés en attendant les pluies, des petits chevaux qui viennent s’allonger pour se rafraichir dans les marécages d’eaux usées qui se forment autour des hameaux, des déchets omniprésents, de l’absence de lieux collectifs avenants… Bref, c’est un peu la désolation ce canton coupé par une rocade hyper fréquentée par des gros camions qui font un tintouin insupportable.

On fini tout de même cette étude de terrain par la découverte d’un terrain absolument magnifique : c’est un grand parc, entretenu par la coopérative ; il y a deux terrains de foot, des bancs à l’ombre, une herbe qui ne donne qu’une seule envie, se rouler dedans !!! Mais quelques minutes à peine suffisent à nous désillusionner : l’endroit est infesté de moustiques… et pas de petits riquiquis !

C’est dommage, parce qu’on peut y observer des Torogoz, l’oiseau local magnifique, des petites perruches, et des arbres immenses, les mêmes que ceux qui se sont fait leur place dans les ruines d’Angkor il me semble, des eucalyptus…

Sur ce, il est 16h passé, l’heure de rentrer à la Hacienda pour que les membres de la coopérative nous enferment dans notre prison dorée… Avant la tombée de la nuit, on trouve quand même le temps de piquer une tête dans notre piscine privée rien que pour nous ! A 18h30 il fait nuit, et une ampoule faiblotte éclaire le cloître de la Hacienda ; toujours des chauves-souris en guise de compagnie, et une grosse chatte qui vit ici, Brocolina, et qui a l’air bien contente de voir des gens se mouvoir dans la Hacienda après 16h… Au loin, le trafic de la rocade s’est calmé, les cigales ont pris le relais, et il fait tout noir… On a plus qu’à manger nos carottes râpées et à aller se coucher, on peut même pas bouquiner, et chose étonnante par ici, il n’y a pas de hamac pour se laisser aller à des rêveries éveillées. Et dire qu’ils veulent faire de cet endroit un lieu de passage touristique ! Comment dire…

Réveillées de nombreuses fois au cours de la nuit par des zzzzzzzzz persistants dans les oreilles, et Laure qui se réveille pour de bon à 6h30 avec un œil impossible à ouvrir : ils ont frappé très fort…

De 7h30 du mat’ a midi passé, on passera notre matinée à tirer les vers du nez de façon un peu décousue à tous les gens qui passent dans le cloître ; techniquement, il y a une réunion du comité sur les déchets (3 « fous » qui essaient de penser le système différemment, et c’est bien louable de leur part…) à 8h, mais bon, heure salvadorienne avec retard inclus donne un début de palabre sur le coup de 11heures.

Le désastre organisationnel de ce comité est la cerise sur le gâteau, la moitié des gens ne sont pas là, bref, on en profite pour aborder un peu d’autres thèmes utiles à notre étude.

Allez, il est midi et demi, et là, la faim nous taraude et le retour sur Suchi s’annonce comme un parcours de combattant sous la chaleur torride. 4 litres du sueur plus tard laissés sur les fauteuils miteux de nos bus locaux, nous revoilà au bureau ; commence le long processus de compilation des informations, de rédaction des comptes rendus, de batailles entre le binôme parce qu’on comprend pas toujours la même chose (ben oui, à force de faire des mixages linguistiques chelou sur nos carnets de note, on s’emmêle un peu les pinceaux…), de repos enfin ; un repos bien mérité dans la maison de Dani, notre amie argentine, qui nous a concocté un bon petit dîner et un super film brésilien à suivre. Voilà, après l’effort, le réconfort, on a de la chance que ça marche comme ça pour nous ici parce que c’est le cas de bien peu de terriens…

lundi 21 avril 2008

Une virée au Tunco

On a commencé le WE en mode « tout mou »: sonné 16h vendredi soir, et pas la moindre envie de nous bouger les fesses pour prendre un bus pour San Salvador. On s’est vautré comme des loques dans notre jardin au soleil, soit disant pour préparer notre peau au soleil. On a profité du coucher de soleil, et à 9h, tout le monde au dodo.

Samedi matin, l’appel du large se fait sentir plus tôt pour Laure et moi que pour Julien, et on attend patiemment qu’il se réveille, avec la bonne idée d’aller se faire un petit déj’ salvadorien sur le marché : Haricot rouge en purée, œufs brouillés avec oignons, tomates et poivrons, fromage frais et bananes cuites. L’estomac plus que bien rempli, on s’achemine vers l’arrêt de bus. Arrivés à SS, on rejoint Aline et Morgiane chez elles, puis tout ensemble (le gars n’a pas l’air de se plaindre à l’idée de passer son WE avec des nanas), on prend un bus, direction le Pueblo de la Libertad, d’où on cherchera le long de la plage/de la route une place pour dormir.

Et quelle place nous avons trouvée ! Après quelques tentatives infructueuses auprès de petits hôtels soit pleins, soit au tarif exorbitant, Aline a la bonne idée d’appeler un pote à elle qui est dans le coin. Aussitôt, celui-ci se propose de venir nous chercher et de nous héberger pour la nuit. Il s’avère qu’il s’appelle Sergio, vit plus ou moins entre ici et SS où il mène quelques business pas très clair pour vivre. Pour humble demeure, il nous propose une maison de rêve mais un peu inachevée, qui s’est transformé en squat géant pour lui et ses potes surfeurs (pas de meubles, des matelas et un frigo, de quoi vivre confort quoi…). Il est sensé vendre cette maison, enfin, plus ou moins, il en fait un peu ce qu’il veut. Le plan s’avère vite très tranquille, on se fait un goûter improvisé à notre arrivée, et de 17h à 21h, on est resté faire nos loques devant la mer, sur un bout de caillou. La mer est agitée, impossible de nager, il faut préférer l’option « se faire retourner dans les rouleaux » pour profiter de la fraîcheur de l’eau ! On a donc fait la connaissance de la bande qui habite ici, des mecs qui surfent et ont quelques moyens de s’acheter à manger et de l’essence à mettre dans la voiture. Des moyens qui ne m’apparaissent pas très net d’ailleurs.

Vers 21h, on se bouge de la plage pour se préparer avant d’aller à une soirée organisée dans le coin et dont on avait entendu parler depuis Suchitoto. On se pose sur la terrasse le temps que tout le monde se préparer, et là, une vraie tempête éclate, alors que Sergio m’avait dit dans la soirée que la saison des pluies commençait beaucoup plus tard au bord de la mer. Ouais… (a droite, le genre de maison pas terminée qui foisonnent sur la côte: raison?)

On s’est rapatrié à plus d’une dizaine sous le bout de toi, sur les matelas pour éviter de prendre l’eau pas le dessous et sous des duvets pout éviter par le dessus : on est resté en mode « tout mou » une nouvelle fois pendant presque deux bonnes heures, à faire un peu plus ample connaissance et à écouter Aline gratter un peu de musique : ce cliché de soirée avec des surfeurs et une guitare….

Sur le coup de 23h, la pluie s’est enfin arrêtée, on est allé manger un bout et puis on s’est enfin rendu à cette fameuse soirée. Bon, on le savait depuis le début, c’était une sorte de mini rave party dans une maison au bord de la plage, la maison du fils d’un pote de Suchi en fait. La clientèle allait avec l’esprit de la soirée, mais je regrette pas l’expérience, c’était assez « curieux ». Sans plus de commentaire…

On est rentré dormir dans la maison vers 4h du mat’, et le soleil et la chaleur, bien matinale, nous ont sorti du lit à 8h : une petite nuit mais au moins, on aura profité de notre journée de dimanche. Nouveau petit déj’ local, plein de baignades (dans la mer et dans une piscine à moitié remplie), une grosse sieste sous les cocotiers, et le bruit des rouleaux plein les oreilles, quel bonheur !

La plage est uniquement fréquentée par les locaux, et en fin de semaine, ils viennent tous se rafraichir ici : la vie et les gens y sont plus souriants qu’à SS. Tout le monde se baigne tout habillé, il y a plein de petites huttes de palmiers pour se poser sur un hamac et manger un bout de poisson, les enfants sont recouverts de sable noir, jouent au foot, s’enterrent dans le sable. Un peu de vie autour de nous fait du bien, Suchi est tellement calme ! Les vagues viennent nous lécher les pieds pendant la pause déjeuner, quel bonheur…

Et déjà, il est l’heure de reprendre le bus ; Sergio a la gentillesse de nous ramener jusqu’à SS, et le long de la route, il conduit de façon assez originale : dans la mesure où la remontée sur SS est en lacet et qu’on ne voit rien et que c’est pourri par de vieux bus et camions, Il double par le bas-côté, par la droite… De San Salvador, on se trompe de bus pour rejoindre le terminal et je serai curieuse de voir sur une carte les détours qu’on a parcouru, mais bon, c’est une façon comme une autre de découvrir la ville, pourquoi pas… Ce petit détour qui nous prend plus d’une heure de fait, et installés dans notre bus pour Suchi (le 8ème du WE, et le dernier….), la faim nous taraude et on attaque le pot de Nutella acheté par Daniela en prévision de crêpes bretonnes au doigt. Que c’est bon de faire n’importe quoi tout au long d’un week-end…

vendredi 18 avril 2008

carnet de vie


Une petite photo vue de ma maison, je m'en lasse pas, on a coupé un peu les mauvaises herbes, ca va mieux...

La troisième semaine est passée, et bien passée !

On a commencé par se faire une grosse frayeur mardi : à l’issu d’un excellent déjeuner (chez Lorena, elle tient un petit resto sur la place et comme on est trois, Julien l’a relancé pour faire des plats du jour pas cher, que des bonnes choses et d’une qualité incomparable par rapport aux comedors locaux : on est contents !), on s’est mises en route pour Colima. Se tenait la réunion de Canton bi-annuelle, avec pour objectif d’informer la population sur les projets passés et en cours (vive la gouvernance participative, ils ont votés l’ordre du jour à main levée !). Dans un grand hangar (la salle communale) se sont réunies environ 150 personnes (le canton en compte 2000) pour venir écouter les « responsables du développement local : alors ba oui, bien sûr, comme on va être en charge du même développement de la même région, on a été invitées à venir nous présenter. Première oraison publique avec un espagnol approximatif devant tant de gens, quoi de plus facile… Bon, et puis ça va sans dire qu’entre les bruits parasites (vent, toit qui grince, cloches d’appel à la bouffe, gamins qui piaillent) et la faible portée vocale des intervenants, on a compris les propos dans les grandes lignes (voir les boulevards…).

On est rentrées un peu abruties à la maison, un tantinet démoralisées : j’étais tellement à côté de mes pompes ce soir là que j’ai failli m’offrir un ravalement de façade version brûlure troisième dégrée avec notre four à gaz. Je vous fais pas un dessin, blonde que je suis, je pensais avoir allumé le four (le gaz marchait depuis deux bonnes minutes dans le four) et puis en fait, non. Alors j’ai craqué une nouvelle allumette pour l’allumer vraiment, et ça a fait une grosse, grosse, grosse flamme…. Ça sentait un peu le cochon grillé après, j’ai plus de poil sur le bras droit et les cheveux ont aussi pris un coup (quelle bonne idée de les avoir coupé, ça m’a sauvé la vie…)

Voilà, le reste de la semaine a été plus pacifique : à la mairie de Suchi existe un département « equidad de genero ». Alors ici, ils n’aiment pas trop qu’on traduise par « égalité des sexes » mais bon, l’objectif de cette unité (où est basé mon bureau, physiquement parlant, je suis entourée de féministes, trop bon !) est bien de promouvoir des programmes visant à l’égalité des genres. Hier, une architecte argentine, spécialiste de l’aménagement du territoire sous l’angle de cette branche « equidad de genero », est venue faire une conférence. C’était vraiment génial, ça m’a donné plein d’idées pour des stages/professions futures, bref, c’était top. Et on a tout compris, on craignait un peu l’accent argentin, mais son débit de paroles était plus cool que celui de nombreux salvadoriens !

Hier soir, elle est venue manger à la maison avec d’autres potes de Julien (qui deviennent un peu les nôtres !). Au programme du menu :

- Un gratin de ayote fait par Julien, un légume qu’il n’avait jamais préparé et ce fut un peu la lutte. Même si ça a une salle gueule, c’était super bon ! ce n’est pas les trucs verts filandreux qui se mangent mais la chair autour.

- Une compote mangue-passion de ma création un véritable succès, et en plus, comme ça foisonne de mangues en ce moment, c’est une recette à exploiter de saison.

- Des crêpes bretonnes, ben oui, on se refait pas, c’est Laure qui s’y est collé.

Après une soirée bien sympathique entre salvadoriens et argentins (et un jeu débile/génialissime que j’ai hâte d’importer, avec juste un petit bouchon de liège), on a fini au seul bar du village, Le Necio, où j’ai pu goûter la spécialité locale qui ressemble vaguement à un rhum arrangé. Un gros mal de tête ce matin mais un we plage qui se profile pour récupérer !

Ah oui, mon programme d’apprivoisement du rouquin (chat) qui passe régulièrement dans notre jardin avance à grand pas : dans une semaine, il fait la sieste sur nos coussins (normal, il a mangé du chorizo dans ma main hier, rien de tel que de gaver un animal pour qu’il vous offre son affection !). Je sais pas, pour ceux qui suivaient déjà le Vietnam, si vous vous rappelez, mais j’avais aussi mon rouquin dans la rue : il ne rentrait pas dans la maison (trop de puces, et de copains envahissants !), mais c’était mon chat, le chat de la « bergère » que tout le quartier respectait… Il s’appelait Momo, et j’ai décidé de renommer mon nouveau rouquin de la même manière. Voilà, ça n’intéresse personne mes histoires de chat mais tant pis !

Bien le bonjour et bon We (bonne pendaison de crémaillère ? c’est toujours d’actualité ?)

les photos à gauche, prises lors d'une descente au lac un matin vers 5heures.

Et Pat, c’est pas un ours, c’est un mouton, et il s’appelle Jean-Claude ! Et il se porte bien, merci pour lui!

lundi 14 avril 2008

A l'assault de la capitale

On s’est mise en route bien tard samedi après-midi pour San Salvador. Après avoir regardé Le bonheur est dans le pré (un besoin de se replonger dans notre douce France ?), on s’est enfin décidé à se bouger nonchalamment les fesses, c’est le rythme de Suchitoto s’acquiert vite…

Vers 16h donc, le casse-tête que nous turlupine depuis quelques jours devient un problème à résoudre : on a besoin d’un cadeau de mariage, mais quoi ? On opte pour un vase importé du Guatemala acheté à l’étal de la concertation des femmes sur le mini-riquiqui-marché-de-Suchi. Unique problème persistant, l’emballage qui n’est pas digne d’un cadeau de mariage, mais on trouvera une combine plus tard pour le remettre proprement.

Voilà, nous sommes dans le bus qui nous mène à SS. Alors pour ceux qui me suivent depuis le début au Vietnam, vous connaissez ma capacité à m’étendre sur des paragraphes entiers sur les formidables modes de transports de pays qui ne sont pas la France… Même le Portugal, j’aurais pu en écrire un roman, c’est une constante chez moi. Et forcément, vous n’allez pas échapper au paragraphe sur la ligne de bus Suchi-SS (dans un premier temps, j’en aurais encore beaucoup à écrire par la suite…).

Les bus sons colorés (des photos un jour à l’appui) voir customisés pour ceux de la capitale, mais ne nous perdons pas dans nos propos), sans doute pour faire peur aux vaches sur la route. Non, j’exagère un peu, contrairement à l’Inde et à sa tripotée de bestioles-squatteuses-de-route, ici, ce n’est pas trop l’anarchie, les vaches ne sont pas sacrées et sont gardées dans des vrais enclos, parce qu’elles valent de l’argent. Donc le bus coloré n’est pas utile pour effrayer la vache. Alors pourquoi tant de couleur ? J’aime à penser que c’est pour mettre un peu de gaité dans le paysage… A l’intérieur, des sièges violets et vert-pomme à l’aller, une banquette marron plus classique au retour. A vrai dire, sur le retour, je n’aurais pas grand-chose à dire, j’ai dormi tout le long (notez tout de même que pour parvenir à roupiller dans un bus local dans des lacets, il faut être sacrément bien dans sa tête et se sentir intégré, tout cela est donc très bon signe…) Pour revenir dans le vif d sujet, la customisation du bus : sur le tableau de bord, on trouve des « que Dieu te garde » en tout genre et des fanions religieux qui exhibent la foi locale. Bien, bien, et ma jeune compagne de banquette lit la Bible… Forcément ça surprend, mais on apprend aussi à respecter ces marques de croyance exubérantes… Sur la conduite, on tend vers la constante milieu rural d’un pays qui n’est pas la France, c'est-à-dire un mixe de dépassement sauvage, de côtes que le bus peine parfois à monter, des arrêts à la demande (tous les 10 mètres dans les passages de bourgs…). D’un point de vue sonore, un crieur de bus annonce le lieu où on est, s’il faut descendre, s’il faut se préparer, et puis, on n’oublie pas le fond sonore, une vieille cassette (ou la radio) qui a le mérite d’être de meilleure goût au Salvador que dans toute l’Asie du sud-est… Oublié le karaoké intégré dans le bus, les rythmes latinos sont tout de même plus engageants !

Arrivés à SS, taxi à l’appui, nous rejoignons l’équipe du mariage. J’enfile ma petite robe noire sur une peau toute poisseuse de sueur, de vent et de terre (oui, le bus roule fenêtre ouverte naturellement…), raaa, j’adore être une roots ! Une petite messe et des brouettes d’engagements matrimoniaux en espagnol plus tard, on commence à faire la connaissance de quelques personnages, c’est le cas de le dire. Parmi eux, Pierre, l’entrepreneur français qui construit des stations d’épuration au Guatemala, et avec qui nous devons travailler. La cinquantaine complètement allumée, mais la présence d’esprit de nous inviter très vite dans sa maison au Guatemala, sur les bords du Lac Atitlan, une des plus belles régions : nous irons voir ses stations d’épuration, une virée très professionnelle somme toute ! (sur la droite, le marié)

Pour le dîner, on se retrouve dans une espèce de club, un cadre assez joli, mais la soirée s’annonce plutôt calme ; à notre arrivée, de grande tablée de salvadoriens sont déjà constituées, ils sont prêts à manger. Il faudra attendre un peu la fin d’un petit concert de musique locale traditionnelle, sur l’amour, les femmes, le mariage, que des choses d’actualités somme toute….

On fait la connaissance de Magali, qui est une coopérante d’Apoyo Urbano basée sur SS. Elle est venue accompagnée d’amis salvadoriens de notre âge avec qui on a passé la soirée, des petits gars bien sympathiques. Alors voilà, pour qu’un mariage dans un pays comme ça soit un vrai de vrai, il fallait la vraie spécialité du coin : une bonne coupure de courant qui a duré une bonne heure, sans générateur pour combler le malheur, mais plutôt quelques bougies et des bouteilles de rhum et de vodka. Un mariage local quoi… Bon c’est triste, ça a fait pleurer la mariée, mais nous a bien fait marrer nous… (sur la gauche, mes deux compagnons de maison et de travail, et la très jolie Yamilet, la mariée)

Sur le coup de deux heures, on s’est mis en route pour la maison d’un néerlandais où on pensait finir la soirée, et puis en fait, on s’est assez vite, le trajet en voiture et les verres de rhum nous ayant un peu achevés… On a improvisé un squat très confortable, dans une petite maison de banlieue. Seul point noir au tableau, tous ces expatriés vivent bien dans des « Gated Communities », en fait je n’en avais jamais vraiment vu, et c’est juste triste. Même si la ségrégation spatiale est une réalité dans tous les pays, même dans notre douce France… Je savoure alors ma chance d’être basée à Suchi, et ma petite maison sale et sans mur ne m’en plait que plus…

Au réveil, pas de gueule de bois, et on s’achemine donc rapidement vers un centre commercial pour un petit dèj’ local : dans mon assiette, une purée de haricot rouge (je sais, ça donne pas envie, mais c’est bon) appelé frijoles, une omelette, des petites bananes cuites et une sorte de fromage bizarre. J’ai aussi goûté à la rosa de Jamaïca, la fleur d’hibiscus comme on l’appelle ici, en jus de fruit, c’est délicieux, raffiné, acide et fruité/sucré en même temps, enfin une réussite culinaire locale, formidable !

Après ce petit déj’ gargantuesque, accompagnée de Ties, le néerlandais, et de Aline et Morgiane, deux françaises installées ici (et de mes deux colloc bien sûr !), on se décide à faire nos gros touristes. Avant touts, on fait une virée dans un vrai supermarché, histoire de faire le plein de produits rares : confiture, bouteille de vin, nutella, pain, on n’est pas des sales gosses de français pour rien… Puis direction le centre ville de SS, l’Eglise Salvador El Mundo et le tombeau de Monseigneur Roméro, l’Archevêque Salvadorien très connu (à gauche). On fait le tour de deux places centrales, honnêtement, c’est moche. Les rues sont sales, les murs sont colorés mais fades et vieux, et ça ne parvient même pas à donner un peu de gaité à l’univers. De nombreux hommes qui végètent et boivent de l’alcool, on en croise même un décharné qui sniffe. Autant vous dire que je ne me surprend pas en comparant, avant, ce que j’ai connu, et maintenant, ce que je voudrais ne pas voir. Un jeune joue de la guitare sur la place sur laquelle on s’attarde, mais je n’arrive pas vraiment à trouver ça sympathique. Une fois encore je me dis « quelle chance de vivre à Suchi, même si j’adore l’effervescence urbaine, je ne voudrais pas vivre là ». Je reviens dans ma tête sur mes expériences passées, et je me demande pourquoi l’Asie était si différente. Si j’ai croisé des hommes décharnés au Cambodge, ce fut rare au Vietnam et au Laos. Régimes politiques opposés, guerres différentes qui n’ont pas divisé les pays de la même manière, volonté actuelle de tirer le pays et ses hommes vers le haut, je ne suis pas bien douée pour ce genre d’analyse et ça me déçoit, les raisons restent sombre.

On évolue toute l’après-midi dans un centre ville-marché qui n’est qu’un énorme espace de vente. On voit des trucs bizarres, dignes du serpent et du scorpion dans l’alcool : des herbes magiques, une vieille qui gave son perroquet et lui parle, un petit joyau (des prunes pour un clafoutis), des mangues à gogo, des poussins multicolores qui restent un mystère. Mais pas un brin d’artisanat local, il n’y a pas de tourisme par ici. Des rues tantôt étroites sombres et sales, tantôt larges en engorgées de transports en commun polluants, des rues bruyantes de vendeurs de musique piratée qui sortent des baffes de compet’ pour arroser les voisins. Avoir vu tout ça, je ne dirai pas que ça a été un plaisir, mais je suis contente de l’avoir fait. Mais il faut passer par là pour comprendre le reste. C’est usant, j’ai de la peine pour ses gens qui vivent dans un cadre de vie aussi pourri, il faut bien le dire, et je me redis une dernière fois, « Suchitoto, je suis bénie… » Je me souviens de mes petites maisons colorés vietnamiennes, de ces visages au sourire éternel, de cette effervescence joyeuse et stimulante que je croyais être une constante dans les villes des pays en développement.

Voilà, j’aurais vu une fois San Salvador, je ne crois pas avoir envie d’y retourner de si tôt, j’avoue que ça a été un peu un choc. Retenons du WE que j’ai quand même rencontré de jeunes salvadoriens qui sont plein de vie ; que ici à Suchi, les gens n’ont pas l’air triste ; que les élections l’an prochain peuvent être un espoir pour la jeunesse (actuel gouvernement = quasi extrême droite, tournée vers le business avec les US, parti d’opposition, le FMNL, parti au pouvoir à Suchi et qui revendique une politique davantage tournée vers les intérêts des hommes…).

Ce fut un WE plein d’enseignement, mais le clou, c’est le retour à Suchi, et ma première pensée quand Julien me tape l’épaule pour me réveiller : « de retour à la maison, que ça fait du bien…. » Formidable, je me sens chez moi, ça aura pris à peine quinze jours.

Journal de terrain : première visite à Colima


Nous nous sommes rendues pour la première fois ce vendredi après-midi à Colima, notre deuxième terrain de travail, pour une rapide prise de contact avec les interlocuteurs principaux.

Alors je pourrais commencer par repartir sur le mode vietnamien et sur la conduite des chauffeurs d’ici. Quoique ce serait être un peu langue de vipère puisque nous avons utilisé une voiture de la mairie, et Oscar, le chauffeur, n’aura tenté qu’une poignée de dépassements hasardeux. La route est sinueuse, et ponctuée de paires de dos d’ânes de compet’ au niveau de chaque école. Environ 40 minutes de trajet seront nécessaires pour arriver à la première halte, Los Angeles, du nom du premire hameau que compte Colima. Nous y rencontrons Wilfredo, le conseiller municipal du canton, un jeune à l’air dynamique qui habite dans l’un des coins les plus reculés du Canton. Nous y croisons aussi Oscar, la cinquantaine, un visage magnifique et des yeux bleus à me faire crever le coeur, et c’est rare par ici.... Nous le recroiserons très certainement et j’ai hâte de faire un portrait de lui !

Après une rapide discussion qui fixe notre prochain RDV à Colima, mardi prochain, nous nous rendons à la Hacienda. La Hacienda est la vieille maison coloniale qui se trouve au coeur de Colima. Ne vous imaginez pas un petit bourg tout bien organisé autour d’une église, on est plutôt dans une situation de pauvreté extrême, des routes de terre, des hameaux coupés par un axe de circulation intense, des maison précaires, de grands jardins qui servent d’espace de vie où règnent quelques très beaux arbres, dont des manguiers qui arrosent en cette saison le sol de leurs fruits juteux et sucrés à souhait.

Au pied de la hacienda, un parc avec deux petits chevaux pies, des criollos, avec une tête très fine. Immédiatement, une idée nous passe par la tête avec Laure : pourquoi ne pas monter ces petits chevaux pour nos visites de terrains dans les coins les plus retranchés, ou le soir, après une bonne journée de travail, un petit galop sur les terrains plats du lac qui sont en ce moment découverts et qui sont des terres fertiles ?

Nous découvrons la Hacienda avec plaisir. C’est une grande maison en carré, avec un immense patio intérieur, et une piscine immense à l’extérieur. Ce lieu sera destiné à accueillir des touristes quand des efforts auront été fait pour la promotion de la région. Nous nous attendions à négocier aprêment notre squat ici pour les sessions de trois jours de travail par semaine qu’on compte se faire à Colima, du moins les premières semaines. Et en fait, Mauricio, le responsable, nous propose presque spontanément de nous héberger lors de nos visites. Mais c’est formiadable ! « Amenez vos bouteilles d’eau, elle n’est pas potable ici (rectification = polluée au métaux lourds, mais tout le monde la boit), vous pourrez vous faire à manger, on a une cuisine, et puis il y a une délégation de gringos (américains) qui arrivent en juin, pour un peu de compagnie. vous savez conduire, on peut vous prêter la voiture pour le terrain quand personne ne peut vous accompagner... » et à moi de dire plus bas en plaisantant « o los caballos... ».

Bref, le travail s’annonce difficile, psychologiquement et techniquement, mais on semble bien entourées et nous avons un lieu mignon comme tout qui nous sert de base de retranchement en cas de craquage... Le lac monte sur les terres immergées jusqu’à la Hacienda à la fin de la saison, peut-être le verra-t-on au plus haut.

On fait un rapide tour des hameaux avec Don Ahi, qui sera sans doute un de nos guides de terrain. On passe devant une réunion de village, une concertation probablement. Nous serons amenées à participer à ce genre de réunion, peut être même à en organiser pour la partie diagnostic participatif. On continue notre petit tour, on croise des troupeaux de vaches emmenées tantôt par un couple de papis, tantôt par un gamin monté sur un poney avec un vague licol sur le nez...

Voilà, premières impressions sur Colima, et l’envie croissante d’investir dans un poney. On demande avec Julien à Oscar le chauffeur combien coûte un cheval ; il nous répond environ 300 dolars. Ça reste envisageable, on va y réfléchir.

Ce soir, on a encore une soirée, décidément, ça n’arrête pas, on n’aura mangé qu’une seule fois à la maison cette semaine ! Hier soir, on a goûté les poupousas, la spécialité salvadorienne, en compagnie de Damien, un collègue de bureau, et de Julien. C’est une tortilla de farine de mais avec un fourage à l’intérieur, basiquement composé de fromage et haricot, mais le haricot est remplacé par toute sorte de légumes, courgettes, épinards... Ca peut paraître super lourd, mais en fait, la garniture est légère et c’est plutôt une réussite. Une petite photo à l’appui vous aidera bientôt à vous faire une idée plus précise du poupousa. Et puis on s’est rendu dans l’unique bar du village, une place à l’égérie du Che, bon normal, on est dans un bastion révolutionnaire à Suchi ! D’ailleurs, on a pas mal parlé politique, je commence à appréhender un peu mieux l’engagement politique, les opinions des uns et des autres, leur façon de voir l’avenir pour leur pays...

A la prochaine pour le récit du FAMEUX mariage....

jeudi 10 avril 2008

Visite de terrain: station d'épuration

Voilà notre visite de terrain à la station d'épuration:



Et Don Fidel!
Ci-dessus, le fruit comestible de la noix de cajou, avis aux amateurs, il y a moyen d'acheter des sacs au kg à la sortie du village... On peut même les faire sécher à la maison!

carnet de vie

Nous avons fait la rencontre d’un français, Lundi, avec qui nous allons travailler pour le projet d’assainissement ; celui-ci se marie ce WE à San Salvador et nous a proposées de nous joindre à la Cérémonie. Il y aura une messe à l’Eglise (le français en question a d’ailleurs fait une cure d’Eglise avec Baptême et tout ce qui va avec pour préparer l’union, la religion est très présente dans la culture salvadorienne…), suivie d’un repas où une petite cent-cinquantaine de personnes sont invitées !

Mardi soir, nous avons été invitées chez une collègue de la Oficina pour une sorte de dîner d’accueil, à la bougie puisque le courant était coupé depuis 17h. On leur avait préparé des crêpes (que Laure a fini dans le noir d’ailleurs !) et cela a connu un succès fulgurant ; je crois qu’on tient notre arme fatale pour nos invitations diverses et variées.

Hier soir, après une vraie bonne journée de travail, avec l’apprentissage du logiciel de dessin avec lequel nous allons faire toute nos cartes, on s’est enfin posées pour un petit moment à la maison. On va y mettre en place un plan de délogement (s’en fout du relogement) des chauves-souris puisqu’il s’avère que celles-ci font caca partout sur les fringues de Laure. S’en est suivie une conversation un peu décalée sur les mœurs animaliers, si le crapaud produit des excréments, comment la chauve-souris allaite, si le dauphin lui aussi allaite, si on allait voir des dauphins quand on ferait de la plongée au Honduras : une fesse dans le hamac, un bouquin dans une main, la vie va bien.

Et enfin, nous avons lancé une commande, financée par la mairie, pour meubler la maison : quelques chaises, des étagères pour nos vêtements, un licuador (s’apparente à un mixeur, pour la cuisine, c’est top… on touche le top du luxe avec ça !), des rideaux pour les portes, un ventilateur pour éviter que les fringues moisissent… Je vous ferais une session photo avant/après de ma chambre, vous constaterez de l’évolution extraordinaire… Peut-être que cela sera bon ce WE, je ne connais les délais de l’administration suchitotense qui va nous faire un chèque, mais ce serait pas mal si on veut éviter d’attraper les maladies qui sont transmises par les crottes de CS (aux dires de Julien, qui a toujours le mot rassurant… !)

mercredi 9 avril 2008

Une visite de terrain avec Don Fidel…


Je vais faire une petite récapitulation pour ceux pour qui mon travail à Suchitoto ne serait encore pas très clair, malgré moult explications :

Notre mission prioritaire est de réaliser un plan de développement transversal pour Colima, qui est un canton de la ville de Suchitoto. Colima est le deuxième pôle urbain de Suchitoto (2000 habitants) après le centre historique où nous habitons. Sur le territoire de Suchitoto, je crois qu’il existe 5 ou 6 autres petits centres urbains.

Pour ce plan transversal, nous allons procéder par étapes.

La première consiste à la photographie (au sens figuré) du territoire de Colima, qui est un pré-diagnostic : structuration du territoire, localisation des habitations, des places au potentiel touristique, des carences en termes de réseaux…

La seconde en la réalisation d’un diagnostic participatif : pour se faire, nous aurons à faire des entretiens avec les personnes clefs (responsables de la coopérative de Colima, représentants des différents quartiers, « entreprises » en charge ou potentiellement en charge des services…) afin d’établir les « lignes de désir » pour le développement du territoire.

La troisième étape est la réalisation d’une banque de projets à remettre à la mairie : plusieurs options de développement y seront présentées et pourront faire l’objet d’une mise en place en fonction des priorités définies dans les mois/années à venir.

Enfin, la quatrième étape consiste dans le développement approfondi de deux ou trois projets extraits de la banque et qui nous paraissent les plus importants. Nous devrons les mettre en forme précisément, préparer un budget, etc…

Voilà pour ce qui est de notre mission à Colima, sachant que le village est à 1h30 de bus (40 min par le lac, mais il n’existe pas de liaison régulière…), cela va impliquer de nombreux déplacements. Nous allons tenter de négocier un logement sur place, il y a une hacienda en cours de rénovation pour en faire une place pour les touristes de passage qui pourrait être notre squat de une à trois nuits par semaine.

La deuxième mission est la suivante :

A Suchitoto vieille ville, là où nous habitons, il n’existe qu’une station d’épuration, et la mairie compte raccorder les quartiers à une nouvelle station qui serait également un moyen de protéger un fleuve qui passe dans une zone dans laquelle un parc écologique va être créé. Notre mission consiste là en la récupération des données nécessaires aux entreprises en concurrence pour construite la nouvelle station. Nous avons eu notre première réunion hier soir avec l’équipe de la oficina, le maire, Julien et Roland, un jeune français représentant d’une entreprise guatémaltèque de station d’épuration. Notre rôle étant à présent clarifié, nous allons pouvoir attaquer le terrain concernant la création de cette station d’épuration. D’ailleurs, hier, nous sommes allées visiter en présence de Fernando, qui s’est d’ailleurs présenté sous le prénom de Fidel pour plaisanter (vous comprendrez à l’aide d’une photo !), la station d’épuration actuelle. Elle couvre environ la moitié du village. Nous sommes allés sur le coup de 10h, autant vous dire qu’il faisait très chaud, et le chemin est en pente plus que raide. Sur place, deux jeunes en charge de la surveillance nous ont fait visiter l’installation. Je ne suis pas loin de penser que nous sommes LA visite de l’année, puisque le carnet de bord des visites que nous avons signé était bien vide !

Je profite d’avoir quelques temps mort dus à une nécessaire mise en route au travail pour écrire tant ! Mais je doute sérieusement que cela dure… Nous allons aller à Colima vendredi après-midi pour une première prise de contact, accompagnées de Julien. Après cela, nous serons lâchées dans la nature et nous devrons avancer, parce que 4 mois pour faire tout ça, ça va être court…

J’étais posée dans le hamac au lever du jour ce matin et j’ai vu un toucan : dommage, mon appareil était resté au bureau, et il paraît que c’est assez rare d’en voir ; j’espère que je serai plus chanceuse une prochaine fois ! En tout cas, cet oiseau est comme dans mes derniers souvenirs de photos, une tête de clown avec un grand bec et des couleurs qui égayent le lever du jour…

lundi 7 avril 2008

Alors je vous ai fait le dedans, voilà la vue du dehors, je crois que c'est pas mal... Voilà le lago Suchitlan:


Voilà, c'est très beau et reposant, quand je pense au fait potentiel, voir probable que je retrouve à paris en Octobre, raaaa.... Et je ne suis ici que depuis une semaine!